mardi 29 septembre 2015

Lettre à une future "pas maman"

Un enfant c’est la plus belle chose du monde !
Combien de fois as-tu entendu ou lu cette vérité absolue et indiscutable, en te fouettant avec un bouquet d’orties fraîches pour avoir l’outrecuidance crasse de mépriser  volontairement l'accession à une telle source de félicité et d’épanouissement.

Relativisons quand même quelque peu ce propos… Déjà, il y a une infinité de choses, d’endroits, de pays, d’amitiés, de rencontres qui peuvent être beaux, incroyables et magnifiques et qui sont susceptibles, selon moi, d’apporter tout autant de bonheur et de plénitude que la présence d’un enfant dans une vie.  Tout ceci, en plus, avec l’indéniable avantage que toutes ces merveilles ne te vomiront jamais dessus et ne referont pas la déco de ton salon au marqueur indélébile. Ton détachant et ton dissolvant te remercieront chaque jour d’avoir pris cette décision.

Tu as dû sûrement entendre moult fois  une autre vérité du style « Ah mais que c’est égoïste de ne pas vouloir faire d’enfant, tu ne penses vraiment qu’à ta gueule ! » (les gens sont d'un vulgaire...!)
Alors, en tant que doctoresse es égoïsme, diplômée de la faculté des enfants uniques, maître de conférences en « Se servir de l’eau à table sans en proposer au reste des convives, où toutes les astuces pour penser à soi-même avant de penser aux autres », je dois dire que j’en connais un rayon ! Et je ne vois pas beaucoup de choses plus égoïstes que faire le choix de donner la vie à un petit être criard et violacé ! (car oui l’enfant n’est pas toujours une gravure de mode, notamment au moment de sa naissance où il relève plus du Picasso, période cubiste que de la Vénus de Botticelli)
On veut un enfant pour réparer une blessure, pour trouver un sens à sa vie, pour transmettre un nom ou des valeurs, pour matérialiser le fruit d’un amour éternel et indestructible (muhahhahaha), pour sauver son couple, bref une liste interminable de motivations qui nous appartiennent avant tout à NOUS, parents, mais pas au petit être en question qui lui, n’a rien demandé à personne! Je vois d’ici les illuminés de la manif pour tous me brandir leur étendard du cadeau divin du Dieu tout puissant que représente un enfant (voire même un amas de cellule) et de la nécessité d'assurer la survie de notre espèce, mais bon, à plus de 7 milliards d’êtres humains sur terre, le mec ou la nana qui avance cet argument pour justifier son désir d’enfant est un-e sacré escroc (il n’y a pas de féminin à escroc, tous les escrocs sont donc des hommes ) ! 
En tant que multipare (mot scientifique pour dire que tu as eu plusieurs enfants) on ne m’a jamais demandé pourquoi j’avais souhaité me reproduire, alors que toi, nullipare (tu le vois là le terme pas valorisant pour un sou ?), c’est sans doute devenu la question la plus fréquente que l’on te pose avant même de te demander « Comment ça va ? »
La vérité est donc là, tu dois te JUSTIFIER du pourquoi du comment tu envisages sérieusement de ne jamais offrir ton sein à une autre personne que celle qui partage ton lit, de ne jamais partager tes toilettes avec une horde de petits gremlins totalement irrespectueux de ton désir d’intimité, ou de ne jamais risquer de mourir d’une crise cardiaque chaque WE quand ta progéniture, une fois sa majorité atteinte, écumera les bars et boîtes de son secteur dans des états d’ébriété aléatoires.

Bon après je ne peux pas totalement cracher dans le pot de Blédina, pour une maman ça la foutrait mal (j’espère que les services sociaux ne tomberont d’ailleurs jamais sur cette lettre….), un enfant entre deux couches bien garnies et quelques caprices totalement futiles et injustifiés, c’est du bonheur, de l’amour, de la rigolade, je ne peux pas le nier !
Ces dernières années, la tendance est à la déculpabilisation à donf des mamans, ce qui est une très bonne chose, arrêtons de pointer du doigt les primipares, les parturientes, les multipares parce qu’elles donnent le biberon, recourent à la péridurale ou délèguent  leurs enfants de temps en temps à une tierce personne pour aller se faire épiler le sillon inter-fessier (depuis le temps que je cherche à le placer celui-là !) ou plus généralement s’accorder du temps pour elles.
Mais dans ce cas-là, ne tirons pas à boulets rouges non plus sur celles qui font le choix d’accorder du temps, de l’importance, voire leur vie, à d’autres projets, d’autres causes que celle de repeupler la planète et creuser le trou de la Sécu à coups de Doliprane, de sirop pour la toux et d’antidépresseurs. Et surtout qu’on ne leur serve pas la soupe de l’égoïsme ou du nombrilisme outrancier pour justifier les attaques à leur encontre.

Bref, j’espère que tu te sens un peu moins comme une brebis galeuse, si toutefois c’était le cas, après avoir lu ces paroles qui se voulaient réconfortantes.
Moi je te trouve très courageuse en tout cas, parce qu’en tant que meuf ultra angoissée par le jugement des autres, je ne sais pas si j’aurais assumé un tel choix et si je n’aurais pas fini par faire un gosse juste pour qu’on me foute la paix et pour faire plaisir à la « société » (tu remarqueras que je n'ai toujours pas répondu à la question du "pourquoi j'en ai voulu un et même deux!?", sois gentille, laisse moi une petite dizaine d'années pour y réfléchir et t'apporter une réponse documentée et circonstanciée) Je te fais confiance pour remplir ta vie d’autres bonheurs que les colliers de pâtes et les cendriers en coquille St Jacques. Tes enfants à toi, ce seront ceux des autres, ce seront tes projets, tes rêves, tes voyages, tes petits rien, tes grands tout, the first, the last, your everything….(craquage Barry White) 

Enfin fais gaffe quand même de ne pas courir 49 lièvres à la fois, ce serait quand même ballot de te taper une dépression without partum et de finir sous Prozac…

Sinon tu fais quoi le WE prochain ? Non parce que je me serais bien fait un ciné avec le Jules … :P

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