mercredi 23 septembre 2015

On ne nait pas féministe, on le devient

Parfois, je me demande si je suis féministe.... On sait si l'on est français, marocain ou danois, si l'on est gaucher ou droitier, si l'on est slip ou caleçon, mais être féministe c'est une appréciation plus difficile à définir vous en conviendrez .... Je n'ai pas envie de me lancer ici dans un débat digne des plus grandes joutes verbales entre allaitantes Vs biberonnantes ou entre Marseillais Vs Parisiens, loin de moi l'idée de vouloir voir les pages immaculées de mon blog pur et innocent, constellés d'hémoglobine. Mais je me pose souvent la question, car moi même je ne sais pas bien où me situer sur l'échelle de Beauvoir même si j'ai quand même deux-trois notions de ce qui définit ou pas un-e féministe. Déjà, j'arrête tout de suite les gens qui pensent que pour être féministe il faut forcément être une femme (?!) et avoir, de préférence, plein de poils sous les bras et sur les jambes (et à peu près sur toutes les surfaces disponibles du corps d'ailleurs). L'engagement d'une personne pour la cause féminine ne se mesure définitivement pas au nombre d'années depuis lesquelles elle n'a pas croisé la route d'un rasoir, d'un épilateur électrique ou d'une esthéticienne. 

Bon, voilà une première idée reçue démontée à coup de cire marocaine, ouf!
Ensuite, me concernant, comme je le disais plus haut, je ne sais pas toujours bien si je remplis les critères de la parfaite défenseuse des droits des femmes et du combat contre les inégalités entre founes et zboubs. Il m'arrive, parfois, de sourire à une blague sur les blondes, de traiter de connasse la personne au volant d'une voiture un peu hésitante, avant de me rendre compte qu'il s'agit en fait d'un connard, ou de regarder des clips de rap avec des dames qui ont autant de vêtements sur elles qu'il y a de dents dans la bouche de Michel Houellebecq. Bref, je me rends compte que je suis pas une puriste, toujours hyper droite dans ses bottes et conséquente quand il s'agit de féminisme. Je ne sais pas toujours reconnaître le caractère sexiste d'un article, d'une publicité ou d'une photo, j'apprécie d'ailleurs que certains sites, blogs ou pages Facebook le fassent pour moi. J'ai parfois tendance à me dire que certain-es "voient le mal partout" et qu'il n'y pas pas toujours mort d'homme (ou plutôt de femme!) parce qu'un mot ou une expression malencontreuse a été utilisée, parce que bon, quand même, si on ne peut plus rigoler de rien alors, merde! 
Si vous avez lu cet article depuis le début, vous devez forcément être intrigué-e par l'image sur fond bleu qui se trouve en haut à gauche du texte. Cette image provient d'un site que vous connaissez peut être (et malheureusement j'ai envie de dire) qui s'intitule Paye ta shnek
On n'y parle malheureusement pas de viennoiseries alsaciennes ou d'escargots, mais bien de harcèlement de rue à travers des retranscriptions mots pour mots d'agressions particulièrement violentes et révoltantes subies par des femmes (parfois scandaleusement jeunes pour être confrontées à une telle brutalité). Tous les témoignages sont réels et le site a fêté son troisième anniversaire. 
Comme les Restos du Coeur ou le Téléthon, c'est le genre d'initiatives que l'on aimerait voir s'arrêter très vite, signe de l'éradication du mal qu'elles tentent de combattre. 
J'ai lu plusieurs dizaines de ces récits, qui tiennent parfois en deux lignes. Je n'ai pu m'empêcher d'imaginer la peur, l'humiliation, la colère et le dégoût que j'aurais ressenti à la place de ces femmes, souvent démunies, de surcroît, face à des témoins trop effrayés (ou cons, on ne va pas se mentir) pour leur porter secours. 
Je n'ai pas envie d'élever mes enfants dans un monde où une femme qui met du rouge à lèvres ou porte un short est considérée comme une proie et comme un appel au viol. Rien que d'écrire ses mots me fait hérisser les poils ( des bras! Les seuls que je consens de laisser indemnes dans mon combat contre la pilosité... ) et me donne envie d'aller distribuer gratos deux-trois coups de stilettos dans des valseuses bien mal portées. 
Alors à mon petit niveau j'essaie de leur inculquer certains principes, certaines valeurs: il n'y a pas de "jeu de filles" et de "jeux de garçons", de sexe fort et de sexe faible, on peut pleurer quand on est un garçon et boxer dans un punching ball quand on est une fille (voir faire les deux à la fois), on peut être "sage-homme" et "pompière", il n'y a pas un côté qui est mieux que l'autre, mais je sais qu'il y en a un des deux qui devra batailler 20 fois plus pour faire sa place, se faire respecter et vivre la vie épanouissante qu'il (ou plutôt qu'ELLE) mérite. 

Finalement j'ai ma réponse: je suis féministe, une féministe "work in progress" avec ses bugs de fabrication, mais une féministe quand même qui espère qu'un jour, peut être, ce terme disparaîtra parce qu'il n'y aura plus besoin de se battre pour des évidences. 


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Pour approfondir le sujet ou si vous êtes comme moi et que vous avez besoin qu'on vous aide parfois à repérer où sexisme il y a, quelques liens intéressants de mon URLthèque perso ;-)  qui ne demande qu'à être complétée ! 

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